Bonjour,
— Tu n’aimes plus tes livres ?
— Si pourquoi ?
— Puisque tu les vends.
Ainsi parlait une de mes petites filles aux yeux bleus et à la frimousse inquiète. Tout d’abord, je n’ai su que sourire, puis il m’a semblé important de répondre, d’expliquer ma présence dans un salon où les passants se faisaient rares.
— Je les vends justement parce que je les aime. Je tiens à partager les tranches de vie que j’évoque. — Je désire faire connaitre les vies que j’ai animées.
— Ah d’accord.
Mon sourire ricochait sur sa chevelure.
— Les pages de vie que je propose sont très souvent le reflet de celles que j’ai vécues ou observées.
Puis, j’ai oublié que je parlais à une petite fille.
— Barbey d’Aurevilly, écrivain français, né en 1808 a écrit : « Il n’y a pas de romancier dans le monde qui ne se soit jamais inspiré de ce qu’il a vu et qui n’ait jeté ses inventions à travers ses souvenirs. »
À cet instant, j’ai compris qu’elle ne pouvait pas me comprendre. D’ailleurs, elle ne me regardait plus. Puis en pivotant, elle m’a interrogé.
— Écriras-tu un jour sur le père Noël qui nous rend une visite chaque année ?
— Promis j’y pense sérieusement.
Alors, elle s’est éloignée en chantant.