Sauver des vies ? Ou en sacrifier ?
La Covid 19 n’aime pas les riches. Elle les épargne. Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre ! Il est vrai qu’ils ont incrusté dans le cerveau un dérailleur à vingt cinq vitesses.
Au moment même où les puissants et autres ultra-riches se livrent bien au chaud dans leurs hôtels de luxe, entre deux optimisations fiscales, à leur jeu d’échecs favori, le sort de la planète où nous ne sommes considérés que comme de vulgaires pions, juste bons à produire et à consommer, le rapport annuel de l’Ong britannique Oxfam nous annonce guillerettement que : « Les mille personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la pandémie en seulement neuf mois... » En France, les milliardaires frenchies – dont Bernard Arnault, troisième fortune mondiale derrière les Américains Jeff Bezos et Elon Musk – ont « gagné près de cent soixante-quinze milliards d’euros » sur la même période, « dépassant leur niveau de richesse d’avant la crise », ce qui correspond au double du budget de l’hôpital public !1 Cette tendance – autre exemple – n’a pas épargné la Suisse, ce pays où la neutralité capitalise au top. Les milliardaires résidents ont vu leurs revenus augmenter de 29% pour atteindre quasi cent vingt-quatre milliards de dollars entre avril et juillet 2020. Ceux qui investissent dans la santé ont vu leurs fortunes bondir de 50,3% – pour atteindre quelques sept cent milliards -, grâce à la découverte de nouveaux traitements, les innovations dans le diagnostic et plus récemment les recherches sur la Covid-19.2
Et ce n’est pas fini… Ainsi « Pfizer, Moderna, Novavax: les patrons de plusieurs laboratoires américains développant des vaccins contre le Covid-19 avec de l’argent public ont récemment empoché des millions de dollars grâce à la vente d’actions, suscitant des interrogations sur de telles transactions en temps de crise sanitaire. Le directeur général de Pfizer, Albert Boula, a vendu pour 5,6 millions de titres » et estime que les ventes de son vaccin anti-Covid, développé en partenariat avec BioNTech, atteindront environ quinze milliards de dollars en 2021 et plus, si d’autres contrats sont signés. « L’organisation de défense des contribuables Accountable US a calculé qu’entre le début de l’opération américaine de coordination du développement des vaccins, le 15 mai, et le 31 août, les dirigeants de cinq compagnies pharmaceutiques avaient encaissé plus de cent quarante-cinq millions de dollars en vendant leurs actions. »3
Il est vrai que la santé n’a pas de prix !
Oui je sais, c’est à gerber.
Tandis que les oubliés, les sacrifiés pour cause de pandémie se comptent exponentiellement, vaccination ou pas, par milliers. Et tirent le diable par la queue. Jusqu’à en mourir.
Il est vrai aussi que la peur n’a pas de prix.
La pandémie a marqué le hold-up de nos vies, braquage effectué par un gouvernement incompétent qui a porté son iniquité à un tel climax qu’on peut s’interroger sur le fait qu’elle n’ait pas été pilotée volontairement. On ne désorganise pas gravement les structures sociétales de plusieurs pays du monde, en outre d’une manière assez uniforme et au même moment, sans préparation préalable. Il faut l’avoir pensé avant. Personne ne veut soulever cette anguille sous roche, de peur de se prendre dans la figure l’insulte inquisitrice de complotiste. Pourtant, la perfection de ce hold-up devrait susciter notre attention. Cela me fait songer, et tu sais combien l’histoire de la Shoah me retourne les sangs, des personnes de ma famille maternelle en ayant été elles-mêmes victimes, à toutes ces générations sacrifiées qui ont pris ces trains sans protester et qui même devant la chambre à gaz, ne croyaient pas qu’une mort horrible les y attendait. Une impossibilité mentale. Que des hommes puissent faire cela à des enfants, des femmes et des hommes, c’était impensable. Mon point de comparaison s’arrête là, exception faite de la sidération que la peur a ensemencé dans nos esprits. Penser qu’une poignée de puissants veulent mettre une majorité à leur botte pour installer un ordre nouveau à leur convenance et pour ce faire, soient capables de recourir à tout un panel de manipulations perverses dont le premier symptôme est d’inventer un langage nouveau, est inconcevable pour la majorité. Être spectateur du bastringue de façade où depuis des mois, un virus mène la danse dans les corps et dans les esprits, danse orchestrée par une bande de pignoufs hors sol, frisant le Ig-Nobel schizophrène, a de quoi pétrifier le plus lucide des êtres humains ! Je te l’ai dit mille fois. Nous n’apprenons jamais rien de l’Histoire.
Génération Covid, Génération sacrifiée, entend-on partout à propos des jeunes.
Aucune génération, aucune corporation, personne, absolument personne ne remporte le pompon du sacrifice covidien. A l’exception d’une minorité privilégiée, tout le monde en est victime, professionnellement, matériellement et psychologiquement. L’imposture de la pensée de ces dictateurs capitalistes de l’ombre tente de faire culpabiliser les baby boomer, la génération du peace and love, la suivante, celle dite X qui s’est affrontée à une pénurie d’emplois, et à un degré moindre, la Y, celle du Sida et du chômage en évoquant la détresse de la génération des milléniaux.
Diviser pour mieux régner. Après la peur, ils envoient la cavalerie de la culpabilité et du remords. L’argument massue est essentiellement économique : pendant des décennies, la jeunesse actuelle, celle d’une petite vingtaine d’années, la tienne Nina, portera sur ses épaules, la dette colossale contractée à cause de la Covid, de l’argent magique qui faisait bigrement défaut du temps des Gilets Jaunes, non ?
Avec l’élégance grossière qui lui est coutumière, Macron Bonaparte offre à ces jeunes un chèque psy. Trois consultations gratuites pour épancher leur désespérance face à un avenir compliqué et pour un euro, un repas quotidien pour apaiser leur faim. Du foutage de gueule. Une aumône insultante. Le même petit monde qui entonne chaque jour les chants de la Covid 19 sur les chaînes de télé et se positionne déjà pour le coup d’après, fait chorus et chouine de compassion discursive. Mais pas une voix ne s’élève pour évoquer le bien-être de cette jeunesse. Ses rêves, ses désirs. Comme les vieux, on s’en tape de ce qu’ils ont à dire. Dans une société où la priorité est à la jeunesse start-up, il n’y a sûrement pas de quoi fouetter un chat sous les ors de l’Elysée où notre empereur fait montre de prosélytisme élitiste « djeun » dans son équipe. « Il y a beaucoup de jeunes, oui, et de diplômés, oui. J’assume. Les maréchaux d’Empire – qui entouraient Napoléon – étaient jeunes et ce n’étaient pas des paysans, ils avaient fait l’école de guerre.», a-t-il confié à Philippe Tesson.
Il y a une chose amusante, enfin qui m’amuse, et que l’on oublie. C’est que ces jeunes là, ceux de 2021, sont déjà les vieux de quelqu’un. Chaque époque a ses heurts et ses malheurs, ses joies et ses peines, ses crises et des moments de prospérité. Nous en sommes dépendants puisque nous participons à un système que nous avons construit et nous sommes interdépendants parce qu’appartenant à la communauté humaine. Alors quand on stigmatise une génération plutôt qu’une autre, je dis non. Ou alors, il faut être absolutiste et appliquer cette compassion stérile, parce qu’elle ne se traduit jamais ou très rarement en actes, à toute cette jeunesse en devenir dont nous oblitérons l’avenir au profit de notre hégémonie occidentale. Par intérêts géostratégique, politique et économique que nous enveloppons dans des étendards guerriers au nom de la liberté des peuples. Je pense à cette jeunesse lointaine syrienne, irakienne, kurde ou africaine qui cherche son futur dans les ruines que nous leur avons construites, à ces enfants éthiopiens que nous laissons crever de faim, à tous ces autres dans le monde qui trient leur bouffe, on ne peut décemment pas appeler cela nourriture, dans nos déchets, à tous ceux que l’on prive en ce moment même de vaccins, quoique l’on pense de leur efficacité et de leur finalité. Je pense aussi à la tienne qui consomme du smartphone, la drogue dure de nos temps modernes, oubliant qu’il est le linceul d’enfants creuseurs congolais qui meurent dans les mines de coltan. Le supplice de Tantale revisité, c’est cool non ?
En tout temps, la jeunesse a toujours ramé, où qu’elle soit. Celle des baby boomer, la mienne, bouc émissaire de la tienne, également. Ils n’étaient pas tous des hippies, des punkies crêtés, fumeurs de hasch et baiseurs fous. Mais si, ils possédaient une chose dont l’actuelle est dépourvu. Dans sa grande majorité, elle voulait changer le monde et tout ne fut pas un échec. Celle d’aujourd’hui veut juste le réparer, pour finalement consommer supposément écolo au sein de tribus numériques autocentrées. Est-ce mieux, est-ce pire ? Une partie veut s’éclater, enivrer sa déshérence dans des méga teuf, musique à fond, la transe du binge drinking et des teknivals, la déjante festive où l’on se chauffe en sifflant des shooters, en fumant des joints ou en s’exfiltrant du réel avec des drogues dures. Pas besoin d’invoquer la Covid. L’autre surnage tant bien que mal dans notre société trop pressée. A contre-courant ou non, ramer s’appelle grandir. Et ça fait mal.
Cette jeunesse occidentale, que l’on découvre dépressive avec des yeux de merlan frit l’était déjà avant la pandémie. Faut-il rappeler la prostitution étudiante, la pauvreté, la malbouffe, les loyers trop chers, la compétitivité, l’instabilité affective, l’anxiété, la faible estime de soi, le chômage, etc… ? Comme pour les vieux, selon la formule graveleuse mais percutante de Jacques Chirac, « cela nous en touchait une sans faire bouger l’autre. » Nous, incluant également les politiques, passés et actuels, qui telles des Pénélopes technocratiques remettent d’un gouvernement à l’autre, les mêmes problématiques à l’ouvrage, argutiant sur des solutions, sans jamais les mettre en pratique.
Le danger qui guette ta génération est tout autre. Et je me fais de la bile pour vous, mes petits enfants. Les miens et ceux des autres.
Plutôt que génération sacrifiée, le qualificatif qui me vient à l’esprit est celui de nuques cassées. Nos ancêtres chasseurs regardaient l’horizon. Nos aïeuls paysans humaient la terre et le vent, ils savaient s’il allait pleuvoir ou geler. Leurs sens étaient sollicités et ils étaient sans arrêt en alerte. Avec la révolution informatique et numérique, les nôtres furent et sont sans arrêt hackés par des chimères technologiques. C’est l’ère des mutants. Google a dit que… Facebook a dit que… Twitter a dit que… Nuques cassées, têtes baissées, dos voûtés porteurs de déviations morphologiques annoncées, ouïes en berne, iris éteints, doigts agités d’un Parkinson marathonien sur un clavier qui rend obsolète la parole, vous dégainez vos phones au moindre appel et à la moindre question, vous ne prenez pas le temps d’écouter la réponse : « qu’est-ce que t’as dit là… Attends je vérifie sur Google. ? » Le monde, le tien, copule narcissiquement avec la virtualité. Plus moyen non plus de te cacher. Le GPS incorporé te lâche pas les baskets. Il te suit jusque dans ta cafetière, ta machine à laver et ta bagnole électrique ! Plus de réflexion, plus de sens critique. On clique sur la pensé . Génial ! Google sait tout. Oralité morte. La réalité fustigée, ghettoïsée dans un écran de dix-centimètres carrés. Il fallait vraiment y penser tout de même ! Google, Facebook, Whatsapp et autres Gafam, eux, sont bien les Moïse de l’ère numérique.
Cela me fait penser au joueur de flûte de Hamelin, tu sais le conte des frères Grimm, la ville envahie par les rats, les notables qui veulent sauver leurs privilèges, le joueur de flûte qui apparaît comme par enchantement. Simplement. Le payer, ne pas s’impliquer pour faire disparaître les bestioles et désarmer l’angoisse afin de retrouver leur vie d’avant. Avec la tranquillité passive qui caractérise le peuple, pétrifié de peur, prêt à avaler tout et n’importe quoi pour sauver sa peau du moment qu’il se sent protégé, chacun accepte la proposition du flûtiste. Marché conclu. Un air de pipeau et la ville est nettoyée. Mais se croyant plus malins du fait de leur puissance économique, les notables refusent de le payer. Alors il vide la ville de tous ses mômes, emportant avec lui le futur de la communauté.
Ajoute par là-dessus les fameux emoji, et tu as un orchestre muet pour faire taire la crudité sincère de tes émotions. Archétypes expressifs, ils expriment tous les états d’âme. Je suis triste, je t’aime, je ris, je pleure, je suis en colère. Symboles rassembleurs comme le fut cet autre, quasi universel, la svastika. Tu peux en mettre un, six ou dix, pour exprimer tous tes sentiments. En apparence d’une simplicité enfantine et sans danger. Mais en fait, il réduit ta pensée et ce que tu es. L’emoji lobotomise l’individu. Le vrai pouvoir du vingt et unième siècle n’est ni Macron, ni Merkel, ni aucun chef d’Etat ! Mais les Gafam4 et leur équivalent asiatique les Batx, les Natu dont Elon Munsk et son projet pharaonique de mettre en orbite à basse altitude quelques quarante deux mille satellites Starlink qui viendront s’ajouter aux huit mille déjà existant, les Big Pharma et Black Rock4, premier gestionnaire mondial, qui soi-dit en passant possède un sacré paquet d’actions de Pfizer. La boucle est bouclée. Un autre panier à salade est en train d’ouvrir sa boîte cellulaire et resserre lentement autour de nous sa nasse vs contrôle social à la chinoise.6
La Covid 19, je l’emmerde, Nina. La pandémie aussi. Chaque vie, même la plus humble d’entre toutes, a un sens. Elle n’est jamais un champ lisse mais un chemin émaillé d’aspérités. Ma Nina, tu as bientôt dix-huit ans. Tu es une jeune plante. Mais ne baisse jamais la garde, quoiqu’il advienne. Sois toujours disponible, écoute ton instinct, fous en l’air la raison, veille à toujours rester une nomade de la vie. Cultive ton immaturité. Reste intègre envers et contre tout et tous. Sois toujours le juge impartial de toi-même, mais n’oublie jamais d’être le procureur des autres. Et surtout, ne laisse jamais le monde te transformer, mais transforme sans cesse le tien. Ce soir, je suis un peu fatiguée. Mais pas assez cependant, pour au terme de ce texte, trinquer silencieusement avec toi, puisque le couvre-feu te retient chez ton ami. Je trinque au contre-état minoritaire que nous formons toi et moi et à sa nécessité. Je trinque à l’appétit de vivre ! Mourir de vivre, c’est autrement mieux que de mourir de mort, non, ma belle ?
Je t’aime, à demain, Lucie. Et fais gaffe, petite.
Demain n’a jamais eu lieu. Sur la table, ses cendres. Je les aie versées dans un vase chinois qu’elle avait acheté à cet effet, « un jour de grand vent », comme elle disait quand la mélancolie l’assiégeait. La voix de Léo Ferré. La mémoire et la mer. Sa chanson culte. L’écouter l’apaisait. Elle partait. Loin. Je relis une fois encore ses mots. En reniflant. Dans trois semaines j’aurais dix-huit ans. Je ne sais comment je me dépatouillerais avec l’horizon foireux qu’on nous concocte. Numérisé, contrôlé, artificialisé, uniformisé, ubérisé, déshumanisé. Et somme toute étriqué.Ce futur que je ne me résous pas à imaginer et encore moins à accepter. Mais je suis certaine d’une chose, Lucie, ma Lucie, où qu’elle soit, sera. Mon ermite à la lampe. La plume et le Katama. Mon samouraï.
Mélanie Talcott –23/02/2020
Notes
1. – https://www.oxfam.org/fr/communiques-presse/les-ultra-riches-ont-recupere-les-pertes-dues-la-crise-en-un-temps-record-alors
2. – https://www.bilan.ch/economie/les-ultras-riches-se-sont-enrichis-pendant-la-crise-du-covid-19
3. – https://www.sudouest.fr/2020/11/15/covid-ces-patrons-de-laboratoires-qui-developpent-des-vaccins-avec-de-l-argent-public-puis-gagnent-des-millions-8079103-705.php
https://www.bilan.ch/economie/les-ultras-riches-se-sont-enrichis-pendant-la-crise-du-covid-19
4. – Gafam & Co
GAFAM Acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
BATX : Acronyme des quatre géants du web chinois Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi.
Natu : Acronyme du nom des entreprises Netflix, Airbnb, Tesla et Uber
5. – BlackRock possède pour environ 16 milliards de dollars d’actions Pfizer. Si la firme devait faire faillite en distribuant ses vaccins gratuitement, Blackrock perdrait donc 16 milliards de dollars… Mais Blackrock dispose également de 2.900 milliards de dollars en actions diverses dans son portefeuille. Pfizer ne représente donc que 0,005% du portefeuille d’actions de Blackrock.
Si un vaccin contre le Covid-19 devait être distribué gratuitement et que la valeur des actions de toutes les entreprises faisant partie du portefeuille de Blackrock augmentait d’un pourcentage très conservateur de 1%, car dès lors l’économie pourrait rouvrir complètement, Blackrock réaliserait instantanément un bénéfice de 29 milliards de dollars, contre une perte maximale de 16 milliards de dollars en actions Pfizer qui devrait être déduite.
6. Contrôle social à la chinoise
https://www.geostrategia.fr/le-controle-social-en-chine-142-milliard-de-suspects-sous-surveillance/