Six Millions.

Six Millions.

En ces temps bouleversés, fait de remises en question, d’indignations en cascades, de soumissions et de colères réunies, les votes de défiances se multiplient à l’encontre d’à peu près tout.

Sur quel pied danser ?

Dans quel placard ranger ses certitudes ?

Sur quel mur afficher sa révolte ?

Le monde change, a changé et changera encore, quoi que nous fassions. C’est ainsi. C’est l’évolution. Les technologies nouvelles bouleversent la donne jusque dans l’intimité des familles. La vie privée disparaît peu à peu.  L’argent et le profit mènent le bal depuis l’Olympe et ils sont propriétaires du dancing, de la buvette, de la mairie et de l’hôpital du village.

Il faut sans cesse s’adapter à des idées et des processus plus absurdes et destructeurs les uns que les autres. Il faut sans cesse apprivoiser la menace et la restriction. Les libertés individuelles s’évanouissent à la cour comme les précieuses de jadis, et malheureusement, aujourd’hui, plus personne n’a de sels dans les poches pour les réanimer promptement.

La société de l’ordre et de la technologie, de la santé et de la sécurité est en marche. Beaucoup de gens de par le monde, la majorité même, aiment l’idée de s’en remettre corps et âme aux lois, aux « chefs » et à la santé. Alors, les ennemis de demain sont parfaitement identifiés : le virus et l’anarchiste. Et ils doivent sortir de la termitière mondiale.

Quant à la vie, et c’est la grande découverte de ce XXIe siècle, elle tue !

Le plus dangereux des concepts pour ce nouvel ordre mondial qui croit avoir inventé l’eau chaude,  c’est la liberté. De penser, comme d’agir. La liberté est une notion complexe, caduque pour les pratiquants de la pensée unique. Si l’homme, quelles que soient ses origines, a pu un jour imaginer organiser des armées et accepter de défiler au pas de l’oie, c’est bien qu’en lui la tendance à faire partie d’un essaim est inscrite dans son ADN. Si l’homme a un jour accepté l’idée  d’obéir à un autre homme, de s’inventer des commandements divins et de tisser des drapeaux, c’est bien que la maladie est dedans, non?

Alors le combat des « 6 millions » d’aujourd’hui est vieux comme le monde. Et les continents sont bien plus vieux que les pays.   Il y a eu à travers  les âges, des tas de « 6 millions », luttant contre ceci ou cela, redressant la barre, à tort ou à raison, d’ailleurs. Victimes triomphantes ou simplement victimes. La minorité a toujours été et sera toujours une emmerdeuse absolue. Une amante capricieuse. Une salope décidée. C’est avec cette dernière idée, et les exemples que m’offre l’histoire des hommes sont légion, que je me rassure. Et que je sais où est ma place dans cette guerre qui ne porte pas de nom.  Dans ces six millions.

 

YLR