Surréalisme 1/2

Surréalisme

« Le surréalisme est un mouvement littéraire et artistique du début du XXe siècle, directement issu de la révolte incarnée par le mouvement dada durant la Première Guerre mondiale. Comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression (dans tous les arts) et utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient…) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues, il est caractérisé par sa transdisciplinarité. Et l’importante collaboration entre ses membres et adeptes, et  pour ne pas dire leur « religiosité » quant à son dogme… Voilà, tout comme pour DADA, un peu plus tôt, la définition communément admise du surréalisme avec cependant quelques petites nuances apportées de votre serviteur.

 

En 1924, André Breton s’impose en théoricien du mouvement par le biais de l’édition du texte source qui tentera de définir avec plus ou moins de vérité, la nature de ce mouvement international ou fleurira de grands noms des arts créatifs et des littératures admises.  Le mot se définit comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ». Vaste programme qui demande une analyse, docteur.

Le rêve, ou le vagabondage de l’esprit, mais aussi le fantasme, de préférence asociale et inavouable sont le terreau de la pensée surréaliste. Avec une plus ou moins désagréable façon affichée de stigmatiser l’œuvre d’art. Et son auteur. Il sait aussi se montrer « primaire » et n’hésite pas à mettre en matériel pictural de choix les fluides corporels et autres déjections du corps humain ou animal. Ainsi, éjaculations sur huile ou pour collage, membres animales utilisés pour peindre ou urines teintées serviront le propos. Il est aussi intéressé par l’art « naïf » ou « primitif », africain, océanien ou encore japonais. N’oublions pas  que nous sommes encore dans la grande époque des expositions universelles et que les artistes européens découvrent avec émerveillement le dépouillement esthétique et l’efficacité narrative des arts venus d’autres mondes.  Mais son sol poétique de choix est le sentiment. Nadja de Breton par exemple, ou l’amour d’un homme mûr pour une jeune nymphe à l’âme errante, les correspondances entre Elsa Triolet et Aragon, la folie de Dali  et sa représentation du  spectre amoureux en son cortex intraséminale, en clair.

 

Le surréalisme tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie, du moins en théorie et  d‘un point de vue clinique. De là au cinéma de Godard, il n’y avait qu’un pas. Ou plutôt la distance évaluée, selon le degré de l’emprise rêveuse du sujet,  entre son lit et le plafond.  Le surréalisme spoliera Dada et trouvera ses sources avec le naturalisme de Gérard de Nerval, le symbolisme de Charles Baudelaire ou de Mallarmé et le romantisme allemand d’Hoffmann comme avec les ovnis littéraires  d’Arthur Rimbaud et de Lautréamont ou ceux picturaux de Moreau ou d’Odilon Redon et jusqu’à Jérôme Bosch, peu citer et pourtant bien présent. Les premiers surréalistes, qui finiront par se tirer dessus au revolver les soirs de pleines lunes et d’hypnose collectives, sont Louis Aragon, André Breton, Paul Eluard, Philippe Soupault et Pierre Reverdy. Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les intentions du cubisme et quoiqu’on en dise, du futurisme et de sa folie mécanique, tout en fouinant dans les fonds communs des musées, notamment flamands, précurseurs  de genres, s’il en est, et de la peinture figurative.

Après avoir été séduits par le dadaïsme, les surréalistes s’inscrivent en faux par rapport à ce mouvement. Dada se méfie des idées politiques en général, notamment des révolutions russes et Dada est absolu dans la négation des pouvoirs. En 1924, les empires de l‘est sont tombés et les surréalistes, fascinés par les brigades internationales et populistes qui défient sur le vieux continent, cèdent et céderont à leurs sirènes. André Breton était, sur le papier,  « soucieux d’agir sur la société, sinon sur l’individu, sans tomber dans l’embrigadement » et pourtant ses partis pris seront nombreux et sujets à de nombreuses polémiques. Dalí affirmera   être sûr que le surréalisme « changera le monde ». Le monde et l’art je ne sais pas, mais son portefeuille, très certainement. Sans renier le talent de Dai, force est de constater que les « pompages » d’idées furent légion et que le commercial en art avait trouvé avec lui son expression. Et jusqu’au tube cathodique.