Surréalisme 2/2

Breton considère le surréalisme comme une recherche de l’union du réel et l’imaginaire : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. » Évidemment, dormir debout, cela pourrait-être pratique. Mais cela reste relativement « casse-gueule ». Freud sera pour lui une grande source d’inspiration. Le monde « nouveau » de Marx aussi. Ces idées, « alambiquées », donneront entre autres, quelques aventures artistiques littéraires comme les cadavres exquis ou l’écriture automatique. Cependant, originalité et talent sont demandés pour la pratique, sinon, c’est comme au scrabble : on s’ennuie au bout d’un moment.

Freud lui-même ressentit la plus grande méfiance envers les représentants du mouvement ; Dali marquera cependant quelques points avec lui en 1938. Mais picturalement seulement.

Les pratiques surréalistes sont nombreuses et pour les non initiés, voici quelques exemples et quelques explications sur le vaste champ lexical du mouvement et sur  leurs teneurs. L’écriture sexualisée, pratiquée quand les pulsions enfouies  au plus profond de l’être dominent l’acte sexuel,  pouvait être combinée à une pratique artistique désinhibée. Breton avouait que quand il  faisait l’amour, il écrivait et que ses   meilleures œuvres étaient selon lui, le fruit de ces moments privilégiés. Sans même en venir à Freud, je me demande ce que ces dames en pensaient… Récit de rêve et « cadavre exquis » : dans ce jeu, tous les participants écrivent tour à tour une partie de phrase sur une feuille sans connaître ce que les personnes précédentes ont marqué. L’ordre syntaxique ( nom-adjectif-verbe-COD-adjectif) doit être respecté . Ce qui fait qu’en finalité, on obtient ainsi une phrase grammaticalement correcte et donc parfaitement lisible. Le nom de « cadavre exquis » vient de la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre — exquis — boira — le vin — nouveau ».  Voyons maintenant la Méthode paranoïaque-critique : à l’opposé des techniques automatiques se trouve la méthode paranoïaque-critique, « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes ». C’est pourtant clair, non ?

 

Dada contre Coco, et  Breton en arbitre : « Nous n’acceptons pas les lois de l’Économie ou de l’Échange, nous n’acceptons pas l’esclavage du Travail, et dans un domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection contre l’Histoire. » Ces principes déboucheront mathématiquement, vu le contexte d‘époque, sur l’engagement politique  de certains des écrivains et des peintres du mouvement, qui adhéreront  temporairement au Parti communiste français. Dès 1930, Louis Aragon soumet son activité littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La guerre fit que Tristan Tzara et Paul Eluard le suivirent dans cette voie « camarade ». Condamnation de l’exploitation de l’homme par l’homme, du militarisme, de l’oppression coloniale, des religions qu’ils jugent obscurantistes et du nazisme, sous couvert de voir naître une révolution sociale et culturelle universelle, tels sont les thèmes d’une lutte que les surréalistes ont menée.  Les surréalistes sortis du grand délire psychoartistique et politique laisseront cependant quelques œuvres remarquables derrière eux, utiles à la compréhension du monde, de l’histoire de l’art et de la littérature. En France, le mouvement s’éteindra avec la mort de Breton.

 

YLR.