Interview d’Inès Grujic, une véritable passionnée des langues :

Vincent Kaiser : Bonjour Inès, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Inès Grujic : Bonjour à tous, je m’appelle Inès GRUJIC. J’ai 20 ans et je viens actuellement de terminer ma 2ème année d’école d’ingénieurs à l’ESILV Paris. Je suis passionnée par beaucoup de choses en fait allant de de l’économie aux sciences mais ce qui me caractérise surtout c’est mon amour pour les langues vivantes. Je suis bilingue en français et en serbo-croate donc je me débrouille très bien en croate et en bosniaque pur et je pratique couramment l’allemand (niveau C1). Enfin, mon niveau d’anglais est académique mais il tend à se perfectionner de jour en jour (niveau B2-C1).

Vincent Kaiser : Très intéressant, pourrais-tu nous dire comment est née ta passion pour les langues ?

Inès Grujic : Alors en fait, ce qui est très étonnant c’est que quand j’étais petite je refusais de parler serbo-croate avec mes parents et ils ont même dû beaucoup me forcer pour que je commence enfin à parler dans la langue avec mes grands-parents. Je pense que ma chance a été d’avoir des parents qui avaient cette double culture et des grands-parents qui ne savaient pas parler un mot de français, ce qui m’a obligé très tôt à apprendre la langue et à l’appliquer. Après que je me sois libérée de la pseudo timidité que j’avais, je voulais apprendre d’autres langues pour pouvoir me faire des amis dans le monde. En fin de CM2, j’ai entendu un couple allemand parler dans la rue, en bas de chez moi et je me suis dit « Waouh, que c’est joli ! Moi aussi un jour je parlerai comme eux ! ». Depuis ce jour, je fais tout mon possible pour devenir bilingue en allemand, c’est vraiment ce qu’on appelle un coup de foudre avec la langue ! Pour l’anglais, c’était un peu différent. J’ai tout de suite apprécié les sonorités des mots et je me suis entraînée en autodidacte pour imiter les accents des différentes régions du monde. Je voulais constamment me perfectionner pour me prouver à moi-même que j’en étais capable, comme un défi permanent.

Vincent Kaiser : Aurais-tu des conseils pour nos lecteurs concernant l’apprentissage des langues ?

Inès Grujic : Le secret avec les langues c’est de s’entraîner et de ne jamais laisser la timidité nous submerger. Ce n’est bien sûr pas facile mais c’est une philosophie qu’il faut adopter si on veut avancer. Beaucoup de gens peuvent nous faire ressentir de la honte mais il faut penser ainsi : « Et si ce locuteur natif parlait dans ma langue maternelle, réussirait-il à s’exprimer sans aucune erreur ? ». Dès lors, on comprend assez vite que cette attitude est déplacée car personne ne peut prétendre savoir parler dans une langue étrangère sans erreurs sans pratique préalable. Pour s’entraîner à parler et écrire, il peut être judicieux de trouver un partenaire étranger qui est intéressé par notre langue natale. L’application Tandem est une application qu’il peut être utile d’installer sur son téléphone, ayant l’avantage d’offrir des fonctionnalités gratuites et des partenaires de discussion aux quatre coins du monde. Enfin, s’entraîner pour des examens de langues via des enseignes spécifiques comme l’Institut Goethe en Allemand ou le British Council peut en valoir le coup. Pour les plus motivés (méthode que j’ai utilisée), il est possible de s’entraîner en autodidacte sur des parties d’examens corrigées sur le web pour les épreuves telles que les « Goethe Zertifikat », « DSH », « ÖSD », « Cambridge FCE », « IELTS », … en cherchant plus ou moins subtilement.

Vincent Kaiser : Avec une si bonne maîtrise des langues et un CV tourné vers l’international, quel serait tes futurs projets ?

Inès Grujic : A court terme, établir un réseau de connaissances partout en Europe et dans le monde. J’aimerai pouvoir faire une partie de mes études à l’étranger dans un premier temps ou du moins un stage pour mieux cerner les attentes et les visions différentes qu’il pourrait y avoir de différents domaines. Puis si je me sens à l’aise, pourquoi ne pas rejoindre une team internationale qui travaille pour la France ou bien un emploi dans le pays qui satisfera le plus ma curiosité et mes critères personnels et professionnels ? Je fais également partie actuellement d’une startup en tant que directrice des relations internationales et des partenariats étrangers, ce qui m’a été permis grâce à mes fortes compétences linguistiques et mon goût du défi. En clair, je pense utiliser toutes ces compétences acquises pour aller chercher des opportunités à l’étranger. Je ne crois pas à la destinée, ceci est bien trop fataliste ; au contraire je crois que les grandes opportunités dans ce monde sont provoquées par l’audace et la détermination de chaque personne !

Vincent Kaiser : Concernant les études, penses-tu que cela serait bénéfique que plus d’étudiants partent à l’étranger ?

Inès Grujic : Oui, bien sûr ! Partir à l’étranger permet de s’ouvrir à de nombreuses cultures et d’améliorer son niveau en langue. Par contre, il convient de dire que selon les besoins d’évolution dans les langues, certaines destinations sont plus ou moins adaptées. Par exemple, si votre objectif est de perfectionner votre allemand, aller en Hongrie ne sera pas un très bon choix tout comme aller en Espagne pour améliorer son anglais ne semble pas être la meilleure solution. Tout cela est bien sûr à relativiser avec votre niveau de départ et vos objectifs à atteindre. Le processus ne sera pas le même pour une personne partant d’un B1 en anglais et souhaitant revenir avec un B2 au retour de son échange académique que pour une personne partant avec un B2+ et souhaitant revenir avec un C1+ d’où la nécessité de se renseigner à l’avance sur le niveau général en langues étrangères des locuteurs natifs des pays où vous souhaitez faire vos études.

Vincent Kaiser : Quelle nouvelle langue souhaiterais-tu apprendre et pourquoi ?

Inès Grujic : Question très compliquée pour moi car il n’y a pas une mais plusieurs langues qui m’intéressent et ceci, pour diverses raisons. A court terme, j’aimerai maitriser les rudiments du roumain dans la mesure où je vais aller effectuer mon semestre à l’étranger d’ici peu et que je souhaiterai pouvoir m’exprimer un petit peu avec la population locale dans leur langue. Ensuite, en ce qui concerne mes ambitions à long terme, trois autres langues m’intéressent : le russe et l’italien pour leurs sonorités exquises ainsi que le chinois pour son utilité accrue dans le futur comme la Chine est à présent une puissance économique de premier plan !

Vincent Kaiser : Aurais-tu des recommandations pour travailler au quotidien une nouvelle langue, avec des habitudes à mettre en place ?

Inès Grujic : Il est difficile de dresser une routine à suivre car chaque personne est différente mais certaines choses sont indispensables à mon sens. La fréquence d’entraînement doit être la plus élevée possible, plus on s’entraîne plus on progresse. Au niveau de la méthodologie à appliquer, il faut essayer de faire des listes de vocabulaire dans la langue concernée et essayer de toujours réappliquer ce mot ou cette expression dans une phrase, soit en communiquant avec un interlocuteur (meilleur des cas), soit en essayant de mener la conversation avec soi-même (oui, ce n’est pas une plaisanterie et je témoigne du fait que construire des dialogues avec soi-même n’est pas si aisé que cela n’y paraît). Dans tous les cas, l’application régulière des connaissances est indispensable, encore plus à l’oral qu’à l’écrit ! Ensuite, pour apprendre de nouvelles choses, rien de mieux que de mettre la radio ou un extrait du journal, d’un documentaire, d’un film ou d’une série ! Il faut essayer de varier le format (écrit ou oral) des médias ainsi que la difficulté des contenus pour progresser de manière optimale. Mettre les sous-titres peut être une très bonne idée lorsqu’on se sent noyé, cela peut débloquer une personne assez rapidement et efficacement.

Vincent Kaiser : Dans quelques années, tu te verrais vivre dans quel pays et pourquoi ?

Inès Grujic : Dans quelques années, j’aimerai bien m’installer dans un pays germanophone car je suis très attachée à leur culture, leur mentalité et les populations sont ouvertes et chaleureuses dans la plupart des cas contrairement aux préjugés. En particulier, j’ai pu avoir un aperçu de l’Allemagne et je tombée sous le charme de la population très rapidement, de leurs coutumes etc. Je voudrai m’installer dans un pays où je me sente chez moi et entourée de personnes enrichissantes que cela soit sur le plan professionnel ou personnel. En résumé, le mot allemand « Heimat » résume ainsi ce que je recherche. Quand j’aurai trouvé cet endroit, je suis sûre que je le saurai ! Pour l’instant, je répondrai sans doute que ce lieu est l’Allemagne mais je laisse le futur me surprendre… pourquoi pas la Suisse, l’Autriche, le Liechtenstein ou même le Luxembourg ?

Vincent Kaiser : Si nos lecteurs souhaitent échanger avec toi, est-ce possible ?

Inès Grujic : Oui bien sûr ! Vous pouvez me contacter sur n’importe quel réseau social parmi les suivants : Facebook, LinkedIn, Twitter. Il suffit de taper mon prénom et mon nom.