L’art est un sport, préface pour Hector Marino. Dripping sur tatami. Collection Nouvelles pages, à paraitre.

 

L’art est un sport.

 

 

L’art est un sport, si l’on part de l’idée que l’art en tant que geste, investissement personnel et démarche, est une discipline où l’affrontement et  la lutte sont présents, tant avec le support, qu’avec le propos ou le spectateur.

Et bien réels.

Ainsi l’artiste comme le sportif, se confronte au terrain, au support, à la matière, et les exigences sont bien souvent les mêmes de part et d’autre des disciplines.  D’ailleurs, ne parle-t-on pas de « performances » en art comme on parle de performances sportives ?

 

Je n’adhère pas totalement à l’idée reçue, qu’un artiste peintre, un céramiste, un graveur, un photographe, un réalisateur, un vidéaste, un graphiste ou tout autres artiste, ne donnent pas de leurs personnes pour leurs arts.

Physiquement.

Avec du sang, de la sueur et des larmes.

Et qu’en cela, l’ascension cycliste du Tourmalet, ou le tournoi sur terre battue pour un tennisman, ne sont pas différents de l’énergie et de l’effort que doit fournir un plasticien, un sculpteur ou un photographe pour sa performance artistique.

Pratiquer le dripping comme Jackson Pollock le faisait, c’était être le colosse qu’il était, c’était avoir cette puissance de feu, cette énergie titanesque et réaliser cette peinture exceptionnelle, hors du champ des connus. Cette peinture expressionniste et totalement gestuelle  nous porte au loin, sur un champ de bataille, sur la thématique du combat entre l’artiste et le support dans l’utilisation de la matière comme instrument et comme art.

Marcel Duchamp définissait l’art comme « ce qui est manufacturé par l’homme », par « ce qui n’est pas naturellement créé », je vais plus loin dans le propos en définissant comme art « tout ce qui nécessite un apprentissage pour l’homme ».

Une éducation.

Une maîtrise.

La connaissance.

La technicité.

Du combat de Pollock avec sa toile, je vois en certaines de ses œuvres torturées, fracassées et combattantes,  la patte d’un Jack la Motta, d’un Frasier, d’un Ali, d’un Cerdan ou d’un Tyson. D’ailleurs, pour la boxe, ne parle-t-on pas de noble art ?

Les notions de lutte, de combat, d’engagement, sont tout aussi présentes et militantes, risquées et osées, pour un artiste que pour un sportif. Historiquement, aux jeux Olympiques de 1936, à Berlin, si Jesse Owens a fait preuve d’un courage remarquable en défiant les nazis dans leur propre stade, Picasso, avec son Guernica, a fait tout autant, avec cette œuvre grandiose qui stigmatise pour l’éternité, l’horreur et la barbarie de toutes les dictatures réunies, de tous les excès guerriers humains passés et à venir.

Deux disciplines, deux engagements et un même résultat.

Deux maîtres au sommet de leur art.

Deux combattants de la liberté.

Les exemples et comparaisons entre nos sportifs et nos artistes sont légion, les deux disciplines faisant la fierté de leurs nations, à la mer comme à la montagne, dans les villes comme dans les campagnes, sur le territoire comme à l’étranger.

Le plus beau, le plus remarquable, c’est que nos arts réunis font que nos héros deviennent universels, tous comme les travaux des grands penseurs des siècles passés, deviennent un don, un message et un espoir pour les générations futures.

Le propos de ce livre, de notre auteur, Hector Marino, est au cœur du sujet, de la relation entre le sport et l’art, d’Yves Klein, Judoka renommé, au bleu de Klein, de l’abstraction gestuelle aux gestes martiaux, peut-être croiserez vous dans ce texte, les noires lumières de Pierre Soulages, peut-être que Nicolas de Staël vous emmènera lui-même au parc des princes, en compagnie de la bande à Teddy, Djamel, David et les autres …

 

Yoann Laurent-Rouault, directeur littéraire pour JDH éditions.