L’écriture ; une catharsis.

J’étais détruite, malade, bonne à jeter aux ordures. L’écriture m’a sauvée, libérée, anesthésiée. À force d’écrire, je me suis reconstruite. Les mots ont pansé mes maux. J’ai mis ma vie et mes douleurs par écrit pour m’en distancier. J’ai accouché de « Cendrillon du trottoir », le destin d’une bipolaire dans l’enfer du sadomasochisme. Je suis devenue Bianca Cendrine Bastiani, une princesse de papier. Je l’ai vue guérir et se relever sous ma plume. Elle a touché et ému des centaines de lecteurs, mais surtout de lectrices. Ça m’a grandie et emplit d’une immense fierté. La prostitution et la pornographie étaient désormais derrière moi. J’étais devenue auteure, le plus noble des métiers à mes yeux. J’avais enfin accompli mon rêve de môme. J’ai mis beaucoup de poésie et de musique entre les pages de ma sordide histoire. Je voulais en adoucir le thème pour ne pas heurter mon lectorat. Je souhaitais que ce livre pour public averti reste le plus pudique possible. Je témoigne, mais je ne me lamente pas. Je me libère de l’emprise, je survis ; j’écris vrai avec mes tripes pour toutes les autres cendrillons, mes petites sœurs d’infortune. Ce roman, c’est un message d’espoir que je lègue à la postérité. L’on peut avoir connu le pire et s’en sortir. J’en suis la preuve vivante.

Écrire une telle histoire nécessite force et courage, mais je n’en manque pas. Plus qu’une survivante, je suis une guerrière, une féministe, une abolitionniste. Je voudrais que « Cendrillon du trottoir » résonne dans notre société patriarcale. Non la prostitution n’est pas un travail comme un autre. C’est une violence faite aux femmes au même titre que la pornographie. Écrire un tel livre, outre la résilience, relève du militantisme. Au nom de toutes les femmes, je voudrais le crier à la face du monde ; « Plus jamais ça ! »

Pour conclure, je vous invite à lire un poème extrait des annexes de mon roman :

Ma délivrance

Mon passé me fait violence.
Mon passé, c’est la souffrance.
Mon présent passe par l’écriture.
Écrire est ma délivrance.
Par amour, j’ai accepté l’inacceptable.
Par amour, j’ai vécu l’invivable ;
Les insultes, les humiliations et les coups,
Un enfer épouvantable.
J’étais sensible, j’étais fragile ;
Lui me voulait soumise et docile.
J’étais instruite et cultivée ;
Lui me voulait stupide et facile.
Afin de mieux m’utiliser,
Un bel objet qu’il a usé…
Par quel miracle ai-je survécu ?
Pourtant, en moi, quelque chose s’est brisé.
J’avais perdu mon identité,
Un fantôme que la mort guettait.
Il enserrait mon âme dans ses poings.
Presque folle, à force d’être maltraitée.
Enfin j’ai pu lui échapper.
Comment guérir mon cœur écharpé ?
Immaculée, ma feuille blanche
Attendait que sur elle, je vienne m’épancher…
Les psychiatres m’ont donné des cachets.
Désormais, je ne devais plus me masquer.
Et, ils m’ont tendu cette feuille blanche
Afin, que sur elle, mes peines soient couchées…
Mettre des mots sur ma douleur,
Un baume, un pansement sur mon cœur.
Cette feuille, je la noircis sans cesse,
Quel que soit le lieu, quelle que soit l’heure.

Brigitte Bianco / Bianca Bastiani, auteure de Cendrillon du trottoir

https://jdheditions.fr/produit/cendrillon-du-trottoir/